Cela fait désormais plus d'un mois que nous sommes confinés. Aux informations et sur internet, on parle beaucoup des personnes âgées, ou qui ont des maladies comme le diabète ou autres pathologies. Je n'ai vu que très peu de choses sur les troubles alimentaires qui pourtant sont directement concernées par ce changement soudain de nos habitudes. 

Dans cet article, je vous avais parlé de mon hyperphagie. Mon combat quotidien, mon ressenti. Aujourd'hui, je viens m'exprimer sur mon trouble alimentaire pendant ce confinement. Comment est-ce que je le vis ? Est-ce que j'ai eu des crises d'hyperphagie ? Est-ce que je le gère bien et comment ? Bien évidemment, cela ne sera que ma vision à moi. Je ne suis ni nutritionniste, ni médecin, ni psychiatre. Ce point de vue n'engage que moi et ma propre perception. 

Comment est-ce que je vis ce confinement et mes troubles alimentaires ? 

Je ne peux pas vous répondre par "bien" ou "pas bien" puisque ça dépend des jours, des semaines. 

Au début, je le vivais très bien, enfin du repos, seule, sans personne, sans avoir besoin de me justifier sans cesse. Étant enseignante, j'ai tout de même du travail et ça m'a tenu occupée et je me sentais bien. Je mangeais assez bien, je testais de nouvelles recettes et tout semblait aller pour le mieux. Seulement, peu à peu, je me suis sentie frustrée. Je ne peux pas sortir quand je le souhaite, je dois faire attention en faisant mes courses, nettoyer les courses... . Ce manque de liberté me frustre énormément. Je n'aime pas être contrôlée. Je suis une personne qui a besoin de contrôler les choses (ceci va avec mes TCA), hors là, j'ai le sentiment que je ne suis plus libre et j'ai horreur de ça. J'ai commencé à me sentir très fatiguée et j'ai besoin de plus de sommeil. Il m'arrive de dormir en journée. Viens alors l'envie de manger. Cette envie de choses sucrées, salées, souvent vers 16 heures (même si ça peut m'arriver le matin, la nuit, n'importe quand en fait). Au début, je tenais, je me faisais moi-même des gâteaux au yaourt. Il m'est arrivé de craquer. Alors oui, je me suis faite livrer une pizza, du coca, j'ai acheté des cordons bleus et autres aliments que tous les régimes considèrent comme "mauvais". 

J'ai craqué et mon corps me l'a de suite fait comprendre. J'ai craqué trois fois. J'ai été malade trois fois. Néanmoins, dans ces "crises", je peux voir apparaitre une certaine victoire. Mes crises sont moins importantes, je mange moins durant celles-ci. C'est grâce au travail que je fais sur moi même au fil du temps. Pour ceux qui ne connaissent pas cela, c'est déjà trop mais me concernant, c'est un pas énorme. Vous n'avez même pas idée. Grande victoire également sur le nombre de crises : trois crises en un mois. J'ai eu du mal à prendre du recul pour me rendre compte de cela. Je ne voyais que le négatif dans ces moments. Puis, j'ai réalisé que je n'en avais pas eu tant que ça finalement. J'ai un meilleur contrôle de moi-même et peu à peu, j'arrive à prendre de la distance. C'est un travail tellement long, tellement dur mais, au fur et à mesure de temps, je parviens à faire ça. J'essaie de faire la paix avec la nourriture, même si ce n'est pas chose facile. Je n'aime presque rien et goûter de nouveaux aliments est une source d'angoisse chez moi. Certains ont peur des araignées, ne supportent pas certaines choses. Pour ma part, je suis hypersensible concernant le goût, les odeurs, les textures et mon alimentation est très restreinte. Sur ce point aussi j'ai évolué. 

Comment gérer les TCA pendant ce confinement ? 

Je n'ai aucune solution miracle. J'essaie d'écrire, de m'occuper, si j'ai besoin de dormir, je dors, je ne m'impose rien. Je tente de ne pas tout contrôler, je profite de ce temps et, en dépit de ce contexte terrible, j'essaie de voir le positif des choses. Je me suis mise à la méditation également et ça m'aide. Après chaque séance, je me sens bien. J'essaie de ne pas me laisser envahir par les pensées culpabilisantes et négatives, de ne pas me laisser entraîner par les réseaux sociaux (Instagram, Youtube et les fameuses vidéos "bikini boy" ou bien encore "Comment en pas prendre de poids pendant le confinement"...). Je fais les choses pour mon bien-être, pour me sentir bien. Perdre du poids est toujours un objectif, mais je veux également le faire pour ma santé. 

Et vous, comment vivez-vous le confinement ? 

Connaissez-vous quelqu'un atteint de troubles alimentaires ?