Le dormeur du val
C'est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Arthur Rimbaud
Ce n’est pas le poème le plus joyeux qui soit, je vous l’accorde.
Cependant, j’aime le rythme du poème lorsqu’on le lit à voix haute. Un ton
calme, paisible. Je me souviens qu’au collège, lorsque je l’avais étudié, on
tentait de savoir à la fin si le soldat allait mourir ou pas. Il semble blessé,
mais va-t-il mourir ? Est-ce un rêve peut être ? A vrai dire, étudier
des poèmes était frustrant parce que finalement, on ne saura jamais vraiment ce
que voulait dire l’auteur. C’était tellement subjectif ! Ce poème est
touchant. Il me semble que l’on parle de la guerre, de la fin de vie d’un
soldat. Cette fin de vie difficile et probablement douloureuse (au vu du fait
qu’on suppose qu’il s’est fait tirer dessus « Il y a deux trous rouges… »),
est racontée d’une façon douce, la rendant presque agréable. Le poète a su rendre
un peu moins triste un moment qui l’est. Et il faut sans aucun doute du talent
pour être capable de faire ça.
L'un des plus beaux poèmes à mes yeux qu'on a tous appris !
RépondreSupprimerC'est sympa de redécouvrir cela sur ton blog je trouve :)
Bisous <3
Merci ! J'aime bien ce partage de poèmes :) !
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